Les entreprises étrangères tenues de dégager «un budget devises excédentaire»
Une loi de finances complémentaire « est en préparation », a déclaré le ministre des Finances lors de l’émission hebdomadaire «En toute franchise» coproduite par la radio Chaîne III et le quotidien national Horizons.
M.Djoudi qui n’a pas voulu s’ étaler sur les grandes dispositions de cette loi et son opportunité, quelques mois après l’adoption de la loi de finances pour 2009, a précisé que celle-ci est dictée « par un souci de régulation du commerce extérieur, de lutte contre la fraude et la contrefaçon…».
Les lois de finances complémentaires ont l’avantage de «prendre en charge des événements exceptionnels en termes de crédits et de dispositions». Cela suppose certainement une meilleure gestion des importations au plan du volume et de l’enveloppe qui lui est affectée. Car même si les réserves de change actuelles nous assurent une «confortable période de trois ans et demi d’importations», rien n’exclut une attitude de prudence et pourquoi pas, favoriser une «base industrielle locale créatrice de richesses et d’emplois».
Le recours à la loi de finances complémentaire (qui sera dite désormais rectificative dans la nouvelle mouture de la loi organique portant loi de finances) est un «outil de réajustement dont il ne faut pas se priver», estime M. Djoudi. Nous sommes dans «une logique de grands projets». L’Algérie a déjà dû prendre des mesures similaires, à travers la taxe sur les véhicules pour la maîtrise et la compression des importations de véhicules et de pièces détachées qui ont atteint les 3,7 milliards dollars. Le prétexte, c’était le financement du Fonds des transports en commun. D’ailleurs M. Djoudi se réjouit que cette disposition ait «contribué à la réduction des importations de ce type de marchandises».
Le ministre des Finances revient sur les mesures prises en matière d’investissement tant en ce qui concerne l’abrogation du taux réduit de 12 ,5% pour les bénéfices réinvestis que pour l’ouverture de capital des sociétés activant dans l’importation et la majorité de capital pour les projets de partenariat. Pour la première, le dispositif s’est révélé «peu transparente et peu efficace», alors que pour les sociétés étrangères sommées d’ouvrir à 30% leur capital, «il s’agit d’un écrémage de cette activité de rente». Ensuite, elle permet «aux pouvoirs publics de mieux voir dans cette activité», explique le ministre
M. Djoudi veut toutefois focaliser sur une autre mesure «passée inaperçue», selon lui. Elle oblige chaque «projet entrepris en Algérie de dégager une balance excédentaire en devises », avec au bout du compte une option pour «les segments qui favorisent l’exportation ou la substitution à l’importation», précise M. Djoudi.
La facture des importations, qui se chiffre à 50 milliards de dollars en biens et services, a de quoi justifier, face à l’incertitude du marché, ce type de politique. Pour le gouvernement, notre pays peut offrir «des opportunités de croissance qu’aucun autre pays ne peut présenter», lorsqu’on sait que la «croissance sera négative dans la plupart des pays».
«L’Etat ne va pas cependant revenir sur les réformes introduites, il y a 15 ans, en matière de liberté de commerce, de transfert de revenus», rassure M. Djoudi, l’essentiel est que l’investissement génère «des revenus positifs pour l’Algérie».
LA CONVERTIBILITÉ DU DINAR, EXCLUE
D’autres sujets ont été évoqués avec le ministre, qu’il s’agisse de la convertibilité du dinar, de la privatisation des banques, du secteur des assurances, de l’efficacité de la dépense budgétaire, de la mise en place de la centrale des risques pour les crédits à la consommation dont le niveau «inquiète le gouvernement» malgré son montant raisonnable actuellement (70 milliards de dinars). Pour ce qui est de la convertibilité du dinar pour les opérations en capital, le «débat est dangereux», dit-il et «rappelle celui des fonds souverains». Il exclut donc cette éventualité qui ne peut se faire sans les trois critères fondamentaux : «une diversité des revenus, une stabilité du cadrage macro-économique ainsi qu’une parfaite confiance des détenteurs de cette monnaie».
Quant à la privatisation des banques, «dans ce climat d’incertitude et de non transparence des banques», autant dire qu’elle est, elle aussi, exclue, elle reste dans l’hypothèse de sa mise œuvre conditionnée , observe M. Djoudi, par leprincipe de la détention de la «majorité de capital» sur lequel l’Algérie ne devrait pas reculer.
Enfin le ministre a reconnu le poids de la dépense publique dans les programmes de développement, qui vise «une mise à niveau des utilités» pour enclencher l’investissement, soulignant que celle-ci est soumise à un contrôle dont celui de l’IGF, sans compter que les grands projets passent par l’évaluation systématique de la nouvelle Caisse de l’équipement sous tutelle du ministère des Finances.
Ce dernier a mis en place «une coordination des inspections de tous les ministères» pour renforcer le contrôle des dépenses publiques.
Kaddour D.
Source : Journal Horizons
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