L'impact de l'accord d'association Algérie-UE:l'économie algérienne face aux géants de l’Europe
«C’est que ni l’industrie algérienne, ni l’agriculture, n’étant aptes à faire le poids aux produits européens, d’autant que les produits algériens ont des difficultés énormes à s’exporter sur le marché communautaire ne répondant pas souvent aux normes de qualités », observe l’expert, Abderrahmane Mebtoul.
«Le tissu industriel représentent en 2013 moins de 5% du produit intérieur brut, la surface économique 83% de petits commerce-services et la sphère informelle à dominance marchande 50% de la superficie économique, autant la masse monétaire en circulation et autant d’emplois, la tertiarisation de l’économie, traduit la faiblesse des réformes ». Le constat est établi par Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités. L’Algérie est, selon lui, le seul pays maghrébin, et méditerranéen, à avoir demandé une révision du calendrier du démantèlement tarifaire avec l’UE. « C’est que ni l’industrie algérienne, ni l’agriculture, n’étant aptes à faire le poids aux produits européens, d’autant que les produits algériens ont des difficultés énormes à s’exporter sur le marché communautaire ne répondant pas souvent aux normes de qualités », observe-t-il. C’est en 2010 que l’Algérie avait demandé de décaler de trois années le calendrier de démantèlement tarifaire des produits importés de la communauté, « motivant sa requête par le besoin d’accorder une période supplémentaire aux entreprises algériennes afin de se préparer à la concurrence accrue qui sera imposée avec la création de la zone de libre échange algéro-européenne », explique Pr Mebtoul. L’Accord d’Association donne en parallèle aux deux parties la possibilité de geler de trois années l’application de ce démantèlement si les échanges commerciaux sont déséquilibrés et profitent seulement à une seule partie. Les deux partenaires sont parvenus après plusieurs rounds à aplanir les différends sur les volets agricole et industriel avec en toile de fond la protection des produits de sidérurgie, de textile, de l’électronique, ainsi que ceux relatifs à l’industrie de l’automobile.
Ainsi, le démantèlement tarifaire, prévu en 2017 entre l'Algérie et l'UE dans le cadre de cet accord, a été reporté à 2020. Dans son volet agricole, l'accord stipule également «un réaménagement de certains contingents préférentiels de l'UE pour les produits agricoles, et produits agricoles transformés», selon la même source. Il s'agit de 36 contingents agricoles à l'importation en Algérie qui bénéficient de franchise de douanes, qui seront désormais supprimés ou réaménagés. D'autre part, « ce décalage de la date butoir devrait permettre à l'Algérie d'éviter une perte de 8,5 milliards de dollars de recettes de Trésor d'ici à 2017, si elle avait maintenu en vigueur le démantèlement tarifaire des produits importés de l'UE, selon des estimations officielles basées sur une simulation avec une facture constante des importations en provenance de l'UE sur la période allant de 2010, date du gel par l'Algérie du processus de démantèlement, à 2017 ». Cela est d’autant plus important que des tensions budgétaires entre 2017/2020 sont, affirme-t-il, à prévoir, engendrées par la chute des recettes d’hydrocarbures, à la forte dépense publique, l’Algérie (budget d’équipement et de fonctionnement), dépensant sur la base d‘un cours de baril de 115/120 dollars. Il s’agit, suggère l’expert, de mettre fin aux versements de traitements sans contreparties productives, des subventions généralisées (12% du PIB soit plus de 25 milliards de dollars en 2013) sans ciblage qui ne s’adressent pas aux plus démunis, la mise en chantier de projets sans les rendre mâtures avec des surcoûts exorbitants et mesurer les impacts. Cette situation est « intenable » dans le temps avec le risque de l’épuisement du fonds de régulation des recettes et des réserves de change. Mais il ne faut pas entrer dans la sinistrose : « pour peu qu’une gouvernance rénovée soit mise en place, le redressement est possible », conclut-il.