Réouverture de la pêche au corail : Une bouffée d’oxygène pour l'économie nationale
Interdite depuis 14 ans, l’Algérie reprendra la pêche du corail rouge bientôt après l’examen d’un projet de décret exécutif réglementant la pêche du corail qui a été étudié le 2 juillet passé par le conseil de gouvernement présidé par Abdelmalek Sellal.
En effet, l’adoption de ce texte de loi devrait permettre de rouvrir la pêche du corail interdite depuis 14 ans suite à un décret présidentiel. Le 28 novembre 2000, il a été en effet décidé à mettre fin à l’exploitation du corail en vue de préserver cette ressource menacée et limiter le massacre des colonies de corail, notamment à l’est du pays où cette activité était très répandue comme à El-Kala, Skikda, El-Tarf, Annaba, et Jijel.A cet effet, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi invité du forum de la radio nationale a annoncé à l’APS que « L'Algérie reprendra la pêche au corail, suspendue depuis 14 ans, à la fin de cette année après l'élaboration des textes législatifs relatifs à cette activité ». Dans ce contexte, il a indiqué « nous allons relancer la pêche au corail juste après l'achèvement de l'élaboration des textes juridiques régissant l'activité, la maîtrise du volet technique de la plongée et l'aboutissement des discussions avec les professionnels ». Dans ce sens, il a ajouté que « l'exploitation de cette ressource était la meilleure façon pour la protéger ». À ce propos, le ministre a souligné que «son département déployait des efforts pour mettre un terme au braconnage du corail algérien par des navires étrangers. »
L’Algérie dispose d’un important potentiel
Notons à cet égard que malgré son interdiction, la pêche du corail a cependant continué par braconnage, puisqu’une quinzaine de tonnes ont été saisies depuis 2000 par les gardes-côtes. En fixant de nouvelles règles d’exploitation de cette ressource, le gouvernement entend réactiver une filière pourvoyeuse d’emplois, car comme le mentionnait des professionnels du secteur interviewés il y a quelque mois par l’APS. Cependant, il y a lieu de souligner que l’Algérie dispose d’un potentiel important de corail, notamment rouge qui équivaut à 50% du potentiel mondial.Rappelons que le ministre avait déjà souligné que cette décision a été prise après une longue maturation du dossier. « La pêche au corail sera reprise en veillant à la durabilité de l'exploitation de cette ressource » avait-t-il assuré. Comme il avait précisé qu' « en vertu du principe de précaution, l’exploitation durable de cette ressource requiert de ne pas dépasser le seuil des six tonnes de corail/an ». Ainsi, il avait indiqué que« le plan de gestion de l'exploitation du corail prévoit le recours à des moyens nationaux pour la valorisation de cette ressource ».
Atteindre le professionnalisme pour exercer le métier
En outre, le ministre a fait savoir que la révision de la loi relative aux activités de la pêche et de l'aquaculture -qui passera bientôt au Conseil des ministres- allait apporter de nouvelles mesures de facilitation notamment dans le domaine de l'aquaculture. Dans ce cadre, il a souligné la nécessité d'atteindre le professionnalisme dans l'exercice du métier on encourageant la formation et l'investissement pour promouvoir la production et satisfaire la demande locale. « La formation est le mécanisme le plus important pour moderniser le secteur qui a besoin d'une main-d’œuvre qualifiée pour maîtriser les nouvelles techniques », a-t-il insisté ajoutant que les autorités allaient travailler davantage durant les cinq prochaines années pour renforcer la formation avec notamment l'acquisition de nouveaux navires écoles.
Pas plus de 300kg/an
Par ailleurs, le cahier de charge de ce projet de décret stipule, notamment dans son article 2, que « le quota maximum de pêche par an est de 300 kg/an », que « l'unique instrument utilisé est le marteau », et que « l'utilisation d'engins sous-marins est interdite ». En outre, l'article 10 du cahier de charges stipule que « l'exercice de pêche au corail ne peut être exercé que par des plongeurs professionnels, au nombre de deux (par bateau). En outre, les profondeurs de pêche autorisées se situent entre -40 mètres et -110 mètres (Art.13), alors que la taille des polypes pêchés ne peut se faire sur un tronc qui n'a pas atteint les 8 mm. Enfin, le projet de décret portant pêche du corail stipule que la concession peut-être retirée notamment pour « non respect des limites du secteur de pêche concédé, non respect du quota autorisé à être pêché, ou utilisation d'engins de pêche autres que ceux autorisés ». En outre, « le concessionnaire est tenu responsable des dommages causés de son fait ou de ses employés à la faune et la flore marine ».
Plusieurs projets lancés prochainement
Par ailleurs, le ministre a annoncé la mise en service des ports de Cap Djinet (Boumerdès), d'El-Kala (Tarf) et de Jijel vers la fin de l'année en cours ajoutant que de nouveaux projets dans le secteur étaient prévus. Il a également annoncé dans ce sillage la mise en service de plusieurs projets dans le domaine de l'aquaculture rappelant que des plans de développement de wilayas étaient élaborés dans le cadre de l'encouragement de l'investissement privé.Interroger sur la revendication de l'Algérie pour augmenter son quota de thon rouge péché fixé actuellement à 243 tonnes, le ministre a affirmé que « la partie algérienne demandera l'augmentation de son quota "en fonction de nos moyens » et que « le nombre de navires de pêche du thon rouge est passé de trois à huit ».En revanche, le ministre a indiqué que « la nouvelle réglementation de l'activité de la pêche garantit plus de droits à tous pêcheurs, notamment en ce qui concerne la protection de leur santé ». Il a annoncé l'entrée en vigueur dans les semaines prochaines d'un nouveau décret lequel devra réguler l'activité de mandataire.