Oxford Business group évalue les chances de réussite de la campagne
Dans un document rendu public ces derniers jours, le cabinet international Oxford Business group a livré une première évaluation de la campagne de promotion du produit local « Made in Algeria » et tenté de mesurer les chances de réussite de l’opération.
Dans sa conclusion, le cabinet met notamment en avant les obstacles qui pourraient se dresser devant le développement du produit national. OBG estime, en effet que si les initiatives liées à cette campagne de promotion bénéficient du soutien du secteur privé, les niveaux peu élevés de productivité et la faible valeur ajoutée constituent toujours des obstacles clés au développement du Fabriqué en Algérie. « Outre les difficultés rencontrées pour conquérir les clients algériens, les producteurs locaux sont confrontés à d’autres obstacles, et se heurtent notamment aux limites du système de distribution en place, comme on a pu le lire dans la presse. La faible valeur ajoutée constitue un autre aspect problématique sur lequel l’Algérie devra se pencher si elle veut voir son secteur industriel prospérer, tout particulièrement des branches telles que l’industrie automobile », estime, en effet OBG qui note, cependant que le faible niveau de valeur ajoutée que présentent les produits de fabrication locale a fait l’objet d’examens lors de l’élaboration de la législation régissant le programme de crédit à la consommation en Algérie. OBG relève, en effet que cette politique, portée dans une large mesure par divers organismes publics dont le Ministère du Commerce, le Ministère de l’Industrie et le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, « pourra également être menée à bien en améliorant la confiance des consommateurs et en assurant la qualité et la disponibilité des produits locaux ». Le cabinet rappelle à ce sujet que le ministre du Commerce Amara Benyounes a déclaré aux médias locaux qu’« une croissance économique forte et durable ne [pouvait] se réaliser qu’en s’appuyant, en premier lieu, sur son propre marché intérieur tout en prenant en charge les questions liées à l’amélioration de la qualité des produits fabriqués localement, à la maîtrise des coûts de production et à la densification et au développement de la chaine logistique ».OBG rappelle, dans son document, le contexte qui a dicté le retour à la promotion du produit algérien, indiquant que l’Algérie affichait un déficit commercial de 1,73 milliard de dollars au premier trimestre de 2015, selon les chiffres publiés par le Centre National de l’Informatique et des Statistiques des Douanes, contre un excédent de 1,83 milliard de dollars à la même période l’an dernier.
Les importations ont ralenti au premier trimestre de 2015, chutant de 14,3 milliards de dollars à 13 milliards de dollars en glissement annuel, tandis que les exportations ont subi une baisse de 30,1%, entraînée par une contraction de 32% de la valeur des exportations d’hydrocarbures. « Confrontée à un ralentissement de son économie, l’Algérie a lancé une opération visant à revitaliser son secteur industriel et à accroitre la productivité agricole en se recentrant sur les produits de fabrication locale », rappelle encore OBG qui insiste sur le fait que les importations alimentaires ont lourdement pesé sur les dépenses publiques ces dernières années, et c’est en grande partie grâce au secteur pétrolier du pays et à ses solides résultats que l’addition pouvait être réglée. Cependant, ajoute OBG, du fait de l’évolution à la baisse des prix internationaux du pétrole ces derniers temps, le gouvernement tente d’accroitre l’intérêt des consommateurs pour les aliments produits sur son territoire et les produits fabriqués en Algérie par le biais d’une série d’initiatives et de réformes qui comprennent des campagnes de sensibilisation et davantage de facilité d’accès au crédit à la consommation pour l’achat de produits non-importés. OBG précise aussi que les efforts déployés par le gouvernement pour encourager une consommation accrue des produits de fabrication locale seront étayés par des réformes juridiques, notamment par la réintroduction du programme de crédit à la consommation qui mettra des prêts à disposition des acheteurs de biens produits localement. OBG pense que le secteur privé devrait également jouer un rôle dans l’intensification de la production locale. Prenant une décision d’envergure, le Forum des Chefs d’Entreprises (FCE) a annoncé en mai qu’il espérait instaurer un label « Origine Algérie Garantie ». Des études sont actuellement en cours pour préciser les critères à remplir avant que le label ne puisse être apposé aux produits algériens. L’opérateur de télécommunications algérien Mobilis a offert son soutien financier à l’initiative et les études devraient être terminées d’ici la fin juin, selon le FCE. « L’initiative sera soutenue par une politique générale de promotion des produits algériens sur le marché intérieur. Si la plupart des produits alimentaires algériens et des appareils électro-ménagers de fabrication locale remportent déjà l’adhésion de la population, certains produits ont du mal à rivaliser avec les marques internationales. Les ventes de produits cosmétiques et textiles, en particulier, restent basses, les consommateurs algériens boudant les versions locales au profit d’alternatives importées », note le cabinet international.