Mue. En dépit de la crise traversée en 2017, le secteur du bâtiment connaît cette année une reprise avec les programmes de logements et les nombreux projets initiés par les pouvoirs publics en matière d’infrastructures et de constructions diverses. Les matériaux de construction sont disponibles, à l’exception du bois, importé et qui enregistre des perturbations dues au système de licences d’importation.
Globalement, la tendance du secteur est bonne cette année, contrairement à l’an dernier. En 2017, la baisse drastique des revenus pétroliers depuis 2014 a induit non seulement le gel de la majeure partie des projets non entamés, mais des retards de paiement des projets en cours de réalisation. Ceci s’était répercuté sur les entreprises de réalisation qui assistaient au tarissement de la commande publique, voire la menace de faillite pour certaines d’entre elles.
Devant cette situation intenable pour les entreprises, lesquelles avec le temps se voyaient dans l’incapacité de poursuivre leur activité, de payer les salaires, la sécurité sociale, les impôts, leurs nombreux fournisseurs et sous-traitants, ces dernières ont fini par être prises en charge par l’Etat qui a débloqué les financements nécessaires. Il est clair, selon certains experts du domaine, que ces entreprises devaient être soutenues et sauvées. Car elles ont contribué à l’effort de développement économique du pays. Elles ont atteint un niveau de maîtrise et d’expertise des métiers de la construction qui leur permet aujourd’hui de rivaliser pour certaines avec les multinationales du secteur, y compris dans la réalisation d’ouvrages complexes. Lors de la conférenceexposition sur la production de biens et services dans le secteur du bâtiment organisée par le Forum des chefs d’entreprises les 18, 19 et 20 décembre 2017, nous avons eu à constater la dynamique que connaît aujourd’hui ce secteur.
L’initiative d’organiser cette exposition répondait, selon le FCE, à une demande du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour aider les pouvoirs publics à élaborer une cartographie visant à faire connaître les capacités installées de la production nationale filière par filière, dont celle du bâtiment. L’Etat entend favoriser les entreprises nationales dans l’attribution des marchés publics pour la fourniture de matériaux et d’équipements. Le gouvernement est, en effet, déterminé à maintenir la commande publique à un seuil soutenable pour les entreprises nationales qui en dépendent et surtout d’appliquer le principe de la préférence nationale.
Le programme tracé en la matière est ambitieux et demeure une opportunité pour l’industrie nationale du bâtiment. Des programmes qui concernent, entre autres, la construction de 120.000 logements et dont le montant de 330 milliards de dinars a d’ores et déjà été alloué dans le cadre d’une convention signée le 28 novembre 2017 entre le ministère de l’Habitat, le Crédit populaire d’Algérie (CPA), l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL) et la Caisse nationale du logement (CNL). Le cap est de soutenir les différents intervenants opérant dans ce secteur et de privilégier les produits «Made in Bladi» et de les substituer aux produits importés, tout en mettant en avant le savoir-faire algérien.
L’Algérie dispose, d’ailleurs, de bureaux d’études, d’entreprises compétentes et de produits de qualité qui n’ont rien à envier à ceux importés. En pleine croissance, certaines entreprises affichent des ambitions à l’international, à l’exemple de celles qui ont pris part en novembre 2017 au Salon mondial du bâtiment (Batimat) de Paris (France).
Le pavillon algérien avait regroupé 13 sociétés représentant les secteurs des machines et outils, revêtement de sol, menuiserie PVC, extruder et gammiste en aluminium, structure et charpente métallique et en bois, sécurité paramétrique ainsi que des sociétés de services. La présence, cette année, de l'Algérie au salon Batimat avec un pavillon national de 507 m2 était considérée comme l'expression d'une volonté politique de développer des partenariats fructueux avec les entreprises internationales à un moment important de l'histoire du pays qui veut aujourd'hui développer ses exportations hors hydrocarbures, notamment dans le secteur du bâtiment et des matériaux de construction. Notons que des groupes algériens ont entamé l’exportation du ciment gris, en attendant l’entrée en production des grands complexes de rond à béton, surtout celui de Jijel, construit par les Qataris.