L’industrialisation est le salut de
l’Afrique. C’est le seul moyen de sortir le continent du sous
développement et de la pauvreté. Et aussi, de relever le défi du
chômage, qui s’annonce plus prononcé, avec l’arrivée de près de 580
millions de jeunes africains sur le marché de l’emploi d’ici à 2050.
C’est
la conviction du management du Groupe de la Banque africaine de
développement (BAD) qui tient, cette année, ses 53e Assemblées annuelles
jusqu’au 25 mai à Busan, en Corée. «Notre banque compte mobiliser 35
milliards de dollars d’investissements au profit du développement de ce
secteur durant les dix prochaines années», annonce Akinwumi A. Adesina,
président du Groupe de la BAD.
Accélérer
l’industrialisation de l’Afrique, un thème qui intéresse au plus haut
point. D’ailleurs ce ne sont pas moins de 3.000 participants et
responsables de différents pays qui sont attendus pour cette édition.
Une forte délégation marocaine conduite par le Chef du Gouvernement,
Saâdeddine El Othmani, devrait également participer à l’évènement de
Busan.
Le choix de la Corée pour abriter cette
manifestation n’est pas anodin. «Ce pays qui avait un PIB par habitant
modeste au début des années 1960, figure actuellement au palmarès des
grandes puissances économiques mondiales», fait observer le président de
la BAD. Un préambule qui propose aux pays présents de s’inspirer des
expériences réussies en matière d’industrialisation comme cela est le
cas du Japon, de la Chine, de l’Inde ou encore du Brésil.
La
tâche ne sera pas facile en Afrique compte tenu de la régression
enregistrée par le secteur industriel. Celui-ci n’arrive à générer que
700 dollars de PIB par habitant en moyenne, soit 3 fois moins qu’en
Amérique latine et 5 fois moins qu’en Asie de l’Est. Cela s’explique par
une très faible valorisation des richesses naturelles du continent.
«La
volatilité des prix des matières premières, enregistrée ces dernières
années, a pénalisé de très nombreux pays africains. Elle nous a
convaincus de l’urgence de diversifier nos économies, notamment par la
transformation sur place de nos matières premières», a plaidé le
président de la Banque. Il est temps que l’Afrique prenne son destin en
main et mobilise ses forces vives pour s’inscrire dans une trajectoire
de croissance stable avec une valorisation de ses industries.
A
titre d’exemple, Adesina a choisi le cas du Maroc qui a su développer
des compétences humaines pour s’engager dans des secteurs porteurs comme
notamment celui de l’aéronautique. Et grâce à sa stratégie industrielle
ambitieuse (2016-2025), la BAD a pour objectif d’aider l’Afrique à
accroître de 130% son PIB industriel d’ici 2025, et son PIB global de
2.200 à 4.600 milliards de dollars, des moyens conséquents pour y
parvenir et une piste aussi. Le patron de la BAD reste convaincu que le
développement de l’agro-alimentaire est le catalyseur du processus
d’industrialisation d’un pays.
Il y a les
ambitions de la BAD, mais aussi les moyens financiers de les atteindre.
Aussi, la recapitalisation de la banque sera discutée par le conseil des
gouverneurs à Busan. Cette augmentation s’impose pour permettre de
répondre aux besoins des pays en matière de financement de leurs projets
de développement. Et également de continuer à bénéficier de prêts à des
taux concessionnels. L’hésitation affichée par l’Afrique du Sud et le
Nigéria pour leur adhésion à la zone de libre échange continentale a
été aussi évoquée.
Le patron de la BAD reste
optimiste quant à l’adhésion de ces deux grandes puissances économiques
au projet d’intégration économique de l’Afrique. Il explique leur
position par un besoin de négociation interne de ce dossier par les
acteurs économiques et politiques de ces 2 pays.