L'Algérie change de credo et entame la révision de la loi sur les hydrocarbures pour attirer les investisseurs étrangers.
À l'heure où le pays se souvient de la nationalisation du secteur des hydrocarbures annoncée par feu Houari Boumédiène le 24 février 1971 – qui a permis à l'Algérie de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles et de récupérer sa manne pétrolière, tout en ouvrant la voie aux grands chantiers de développement socio-économique –, il semble que le pays s'apprête à renverser la vapeur.
Des mesures législatives et fiscales « attractives » pour les investisseurs
Quarante-sept ans plus tard, le pays a entamé la révision de la loi sur les hydrocarbures, afin d'en faire un texte plus attractif qui attire les investisseurs étrangers, a indiqué vendredi à Oran le ministre de l'Énergie, Mustapha Guitouni, cité par l'agence officielle APS. « Ces nouvelles mesures permettront d'attirer les investisseurs dans le but de renforcer l'exploitation des ressources pétrolières », a souligné le ministre à l'occasion des festivités intervenant la veille du double anniversaire de la création de la centrale syndicale (le 24 février 1956) et de la nationalisation des hydrocarbures (le 24 février 1971), ajoutant que l'objectif final est de « développer l'économie du pays, répondre aux besoins nationaux et créer des postes d'emploi ».
En octobre dernier, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait annoncé l'intention de son pays de modifier la loi sur les hydrocarbures dans le but d'attirer les investisseurs étrangers dans le domaine gazier et pétrolier. Dans ce sens, Ouyahia avait appelé à « réviser la loi sur les hydrocarbures car le secteur connaît de grands changements dans le monde obligeant l'Algérie à se mettre au diapason ».
En 2006, le Parlement avait adopté une loi instaurant une taxe exceptionnelle sur les profits (TEP) réalisés par les sociétés étrangères activant en Algérie dans le domaine des hydrocarbures dès que les prix du baril du Brent dépassent les 30 dollars. Une décision qui n'a pas été du goût des entreprises présentes dans le pays, lesquelles sont depuis prudentes lorsqu'il s'agit d'investir dans l'amont ou l'aval des hydrocarbures en Algérie.
Le chef de l'exécutif avait fait remarquer que nombre d'investisseurs étrangers intéressés par le secteur des hydrocarbures se sont présentés à des appels d'offres, mais se sont retirés, trouvant que la loi actuelle sur les hydrocarbures n'accorde pas les facilités souhaitées. Mi-novembre, le conseiller du PDG de Sonatrach, société nationale des hydrocarbures, Mahieddine Taleb, avait révélé : « C'est presque toute la fiscalité qui est à revoir. »
Réformer à tout prix
L'économie de l'Algérie, largement dépendante du prix des hydrocarbures, sa principale ressource, a enregistré une croissance du PIB de 2,2 % en 2017, contre 3,3 % l'année précédente, et les réserves de change ont continué de fondre, a annoncé lundi le gouverneur de la Banque d'Algérie. « Nous avons enregistré une croissance économique de 2,2 % en 2017 en dépit d'un fort recul de la cadence de croissance des hydrocarbures », a déclaré Mohamed Loukal, en présentant le rapport de son institution sur les évolutions financières et monétaires du pays aux députés de l'Assemblée nationale populaire (APN, chambre basse). Les recettes pétrolières fournissent environ 95 % des ressources en devises du pays. Le récent rebond des prix du brut a permis aux exportations d'hydrocarbures de progresser en valeur, passant de 27,9 milliards de dollars en 2016 à 31,6 milliards en 2017, malgré une baisse des volumes exportés, selon les chiffres communiqués lundi par Loukal.