Farouk Moukah, directeur général de l’Institut international de management (INSIM) à El Moudjahid : « Il faut promouvoir le partenariat public-privé »
Depuis la chute des prix du pétrole et la baisse conséquente de la valeur du dinar, les experts et économistes se sont relayés dans leurs analyses sur l’impact de cette baisse sur les équilibres financiers du pays. En effet, ils sont unanimes à affirmer que l’Algérie peut encore tenir trois ans, mais à condition, toutefois, que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour mettre un terme à la vulnérabilité de l’économie nationale et donner un contenu concret à la phase de l’après-pétrole. Dans cet entretien, M. Moukah revient sur la situation générale actuelle de l’économie nationale et sur la chute des prix du pétrole.
Quelle lecture faites-vous de la conjoncture économique actuelle de l’Algérie ?
Tout le monde s’accorde à dire que la situation est préoccupante, les indicateurs sont alarmants, la multitude et succession d’événements nationaux et internationaux que ce soit sur les plans économique, géopolitique et sécuritaire. Notre dépendance en hydrocarbures nous handicape davantage malgré l’ambition et la volonté politique d’encourager la production nationale, volonté qui nourrit le discours politique ces derniers jours malgré l’insuffisance d’outils opérationnels permettant l’engagement et l’adhésion des opérateurs économiques en leurs permettant une fluidité dans le traitement de leur besoin au niveau des institution et administrations support qui contribueront ainsi à créer une efficience opérationnelle qui traduit parfaitement l’efficacité stratégique dont rêvent nos décideurs politiques aujourd’hui... socle de tout développement économique. Il n’est nullement une fatalité, il reste à nous Algériens de contribuer efficacement à la réalisation des défis majeurs qui nous attendent, en s’embarquant tous sur le rêve algérien et en déployant les moyens humains et matériels pour le concrétiser.
En cas de persistance de la chute des prix du pétrole, comment voyez-vous l’avenir du pays ?
Sans que les prix du pétrole ne persistent à dégringoler, il est nécessaire et urgent d’adopter une stratégie de diversification du produit national pour limiter sur les cinq années à venir la dépendance de notre pétrole, mais il faut prendre des décisions politiques courageuses urgentes qui agissent sur deux principaux axes.
Le premier est stratégique. Il consiste à profiter du contexte international pour encourager la production locale, telle que les mesures prises pour limiter l’importation des produits de consommation et utilité fantaisiste qui n’apportent pas grand chose au bien être de l’Algérien.
Sur un autre front, il est plus qu’urgent de remplacer ces produits par la production locale en s’appuyant sur le tissu industriel privé et public ou aller carrément sur le partenariat public-privé en faisant un travail de communication pour décomplexer ce concept et considérer ainsi le privé acteur à entière, chose qui réduira certainement le A de l’informel dans l’économie nationale en plus des mesures salutaires prises ces derniers jours en matière de rapatriement des fonds et leur injection dans le circuit formel. Sur un autre front, il est aussi nécessaire de valoriser la diaspora algérienne à l’étranger et la considérer à sa juste faveur.
Pour contribuer à créer et renforcer les réseaux à l’étranger et puis participer au transfert du savoir-faire et de technologie, mais aussi à placer les quelques produits que nous avons dans certaines région du monde comme l’Afrique et pourquoi pas la Russie, l’Ukraine et en tirer profit ainsi des différentes crises qui secouent d’autres régions du monde.
Etes-vous optimiste par rapport à l’évolution du marché mondial du pétrole ?
L’évolution des marchés mondiaux du pétrole connaîtront à mon avis une instabilité insistante compte tenu de la conjoncture mondiale et des mouvements géopolitiques qui d’un côté obligeront d’aller vers des réserves supplémentaires mais d’un autre nous assisterons à l’abondance de production avec l’arrivée du produit iranien sur les marchés mondiaux et les différents accords dans les sous-régions.
En tout cas, le prix du pétrole ne connaîtra pas dans les semestres qui suivent le seuil dont il était des années durant, et notre pays risque de ne plus vivre le bonheur que nous procuraient les prix de l’or noir depuis le début des années 2000.