Dans la lignée des chiffres publiés il y a quelques mois sur l’état de la production industrielle nationale, du secteur public, les toutes dernières émises par l’Office national des statistiques (ONS) ne sont pas du genre à redonner le sourire, et c’est le moins que l’on puisse dire.
La diversification de l’économie nationale attendra. Ce sont les tout frais chiffres de l’ONS qui le disent dans l’évaluation des performances réalisées entre les mois d’avril et juin de cette année charnière, marquée par le recours au financement non conventionnel.
Selon le rapport de l’ONS, sur l’ensemble des secteurs industriels, quelques-uns que l’on pourrait compter sur les doigts d’une seule main ont enregistré des hausses de la production durant la période considérée et ce, en comparaison avec les chiffres de la même période de l’année dernière. En effet, les secteurs des cuirs et chaussures, les matériaux de construction, la céramique et le verre, la chimie, le caoutchouc et plastique, les industries agroalimentaires et les industries diverses ont réalisé des performances certes à peine plus élevées que lors du premier trimestre 2018, mais par les temps qui courent, c’est bon à prendre. La plus remarquable des hausses a été enregistrée dans le secteur des cuirs et chaussures.
Dans son évolution globale, la production industrielle du secteur public national a enregistré une variation négative de 4,5% au deuxième trimestre 2018 par rapport à la même période de l’année précédente, qui s’était illustrée par une hausse de 1,9%, situant ainsi le taux de croissance au premier semestre de l’année en cours à -2,6%.
Les analystes de l’ONS ont également relevé une baisse de 3,2% dans les industries manufacturières. Donc, si l’on excepte les industries chimiques (+9,0%), celles des cuirs et chaussures (+37,5%) et celles de l’agroalimentaire qui a enregistré une hausse d’un demi-point, les temps ont été plutôt moroses pour l’industrie nationale, du moins pour le secteur étatique, toujours aussi choyé par les pouvoirs publics. Du passage au crible des branches de l’activité industrielle lors du second trimestre 2018 par l’ONS, il ressort que les matériaux de construction, dont la production s’est distinguée par des augmentations remarquables depuis le deuxième trimestre 2017, se sont mis à enregistrer des difficultés pour boucler le trimestre avec une variation négative de -4,2%. Les industries textiles et celles du bois et papier enregistrent également des baisses respectives de 4,2% et de 2,4%. Néanmoins, note le rapport, ces taux sont de moindre ampleur que ceux relevés au trimestre précédent (respectivement -9,6% et -11,5%). Par ailleurs, après une augmentation de 4,0% relevée au premier trimestre, et comme relevé dans d’autres rapports émanant de diverses sources, le secteur de l’énergie a accusé une baisse que l’ONS évalue à 4,9%, dont celle des hydrocarbures qui a varié négativement de 3,5%, pratiquement une baisse du même ordre que celle enregistrée lors du trimestre précédent (-3,6%). Pour ce qui a trait au secteur névralgique que constituent les hydrocarbures, l’analyse de l’ONS, tout en concluant donc à une variation négative de -3,5%, fait état de baisses respectives, par rapport à la même période de l’année dernière, de 4,6% et 6% dans la production du pétrole brut et gaz naturel et celle de la liquéfaction du gaz naturel. Ceci, alors que le raffinage de pétrole brut a poursuivi sa tendance à la hausse en atteignant une croissance de 4,2% par rapport à la même période de l’année écoulée.
Les hausses enregistrées à partir du deuxième trimestre 2017 par la production des matériaux de construction ont baissé de 4,2% au deuxième trimestre 2018 en raison des difficultés rencontrées dans la fabrication des liants hydrauliques et celle des matériaux de construction et produits rouges qui marquent des taux respectifs de -5,2% et de -19,9%, au moment où les deux autres activités relevant du secteur, soit la fabrication de produits en ciment et matériaux de construction divers (+36,2%) et l’industrie du verre (+22,1%), ont permis d’amortir la chute. Les industries chimiques, quant à elles, voient leur production augmenter de 9,0% au deuxième trimestre 2018, une tendance relevée dans la plupart des activités, notamment la fabrication des autres produits chimiques (+22,0%) et celle des produits pharmaceutiques (+29,7%).
Pour les industries agroalimentaires, l’un des secteurs les plus dynamiques, elles enregistrent une légère hausse de 0,5% au deuxième trimestre 2018, nonobstant les tabacs et allumettes qui ont affiché une chute remarquable de 36,2%. Un secteur qui illustre dans une large mesure les fortunes diverses que traverse le secteur industriel public dont on attend beaucoup plus dans la perspective de la diversification de l’économie nationale.
Azedine Maktour