Le transfert de savoir-faire, une exigence
« Le risque Algérie est dans des normes acceptables », soutient le DG de l’Andi. Cette rencontre des hommes d’affaires algériens et canadiens, organisée, hier, à l’hôtel El- Aurassi, dans le cadre du protocole d’entente signé entre Blackstone Corporation Canada, et la confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), entré en vigueur à la mi-avril 2014, devait inaugurer une nouvelle étape dans la coopération bilatérale.
En fait, le partenariat, tel que ciblé par la partie algérienne dans une dizaine de secteurs stratégiques, notamment, l’agriculture, les énergies renouvelables, les télécommunications, la santé, l’industrie agroalimentaire, le BTP, et la construction, est conditionné par le transfert de technologies, et de savoir-faire comme étant une exigence primordiale. Un volet d’ailleurs mis an avant dans le prochain plan quinquennal (2015-2019) qui devra mobiliser un peu plus de 262 milliards de dollars.
Le secrétaire général de l’UGTA, présent à cette manifestation, a souligné l’évolution des relations entre son organisation, et le monde du patronat, pour dire que nous «avons pu construire une passerelle consensuelle sur les principes du dialogue et de la concertation» dans l’objectif d’atteindre «une synergie de complémentarité et non de confrontation, entre le travailleur et l’employeur de l’entreprise». Abdelmadjid Sidi Saïd ajoutera qu’ «un pays se construit sur la base de dialogue et de concertation», et que grâce à cette démarche, «nous avons pu créer une stabilité sociale», une condition «du développement économique et de l’avancée démocratique».
À propos de la rencontre, il a affirmé que «nous allons nous acheminer vers une économie forte avec des partenaires sérieux qui apportent leurs technologies». Le SG de l’UGTA précisera, que «le gagnant-gagnant est une terminologie qui ne nous convient pas parfois». En effet, «certains partenariats ont échoué car des opérateurs sont venus avec cette pensée de profiter de la manne pétrolière», a-t-il affirmé. Le président de la CGEA rejoindra l’avis du SG de l’UGTA pour dire, que le dialogue social est «une démarche unique à travers le monde». Il s’agira «de valoriser nos relations dans le cadre du développement économique et du dialogue qui est à la base de ce développement».
Aussi, l’Algérie qui s’approche des pays émergents, a rappelé M. Habib Yousfi, «a beaucoup de potentialités», et sait «valoriser ses relations économiques». Le DG de l’Andi a pris le relai pour présenter certains indicateurs de l’économie nationale, et les mesures de facilitation de l’investissement. Un taux de croissance moyen de 3,5 à 4%/an, une dette extérieure réduite à 3 milliards de dollars, soit le pays le moins endetté au monde, plus de 200 Mds de réserves de changes, et un pays stable.
En outre, «le risque Algérie est dans des normes acceptables», et «un climat des affaires en constante amélioration», dans le sens d’un «investissement libre, garanti et encouragé», a déclaré Abdelkrim Mansouri, responsable de l’Andi a précisé que «tous les secteurs d’activité sont encouragés», notamment l’agriculture, d’autant plus, a-t-il indiqué, que la facture alimentaire du pays atteint 60 milliards de dollars. Le plan quinquennal 2015-2019 table sur une croissance de 7% à la fin de son échéance, un taux qui «sera atteint grâce à toutes les mobilisations». Et de rappeler, à ce propos, que de «vastes réformes sont engagées dans le secteur public marchand, et au niveau du code des investissements, du système bancaire, du dispositif régissant le foncier industriel, et le financement de l’économie». Il s’agira, en ce qui concerne les perspectives de partenariat avec les opérateurs canadiens, de «mise en synergie de toutes les possibilités de coopération dans l’optique gagnant-gagnant». Le DG de l’Andi a exposé, à ce titre, les différentes mesures et avantages destinés à faciliter l’acte d’investir, notamment en ce qui concerne le domaine de la fiscalité.
Ainsi, une baisse de 19% de l’IBS est consentie pour les entreprises de production, alors que d’autres réductions de taxes, TVA et TAP, devront bénéficier aux investisseurs sur une période pouvant aller jusqu’à dix ans, sans distinction entre entreprises algériennes ou étrangères de droit algérien. Présent à la rencontre, le SG du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville a souligné l’importance, pour le secteur, d’aller vers des partenariats, au regard de la consistance du plan quinquennal 2015-2019, soit 1.650.000 logements «dans le cadre d’une autre vision». Nacer Eddine Azem qui a déploré l’absence des canadiens de l’appel à manifestation lancé par son département, au titre de l’industrialisation du bâtiment, invitera ces derniers à prendre part au séminaire prévu à ce propos. Un appel leur sera également lancé pour apporter leur savoir-faire, et leurs technologies au domaine de la construction en Algérie.
L’autre intervention à retenir est celle du représentant du secteur de l’agriculture qui invitera les Canadiens à s’impliquer dans le créneau qui présente de grandes potentialités non encore exploitées, a-t-il affirmé. Sur 42 millions d’hectares de superficie agricole, la surface agricole utile (SAU) est évaluée à 8 millions d’hectars, dont 5 millions d’hectars exploités (3 millions destinés à la céréaliculture), le reste étant en jachère. Le secteur qui enregistre, en moyenne, un taux de croissance annuelle de 12,9% depuis le lancement du plan quinquennal 2010-2014, enregistre, cette année, une sécheresse à l’origine de la déperdition de la production céréalière, soit (-30%) par rapport à 2013. Des données ont été présentées par l’intervenant pour dire l’intérêt pour d’éventuels partenariats avec les Canadiens.
Les secteurs des télécommunications, du tourisme, de l’environnement, de la santé, de l’énergie et de la formation professionnelle étaient également présents à cette manifestation pour exprimer les besoins en investissements dans le cadre de partenariats avec les Canadiens. Le P-DG de Blackstone Corporation Canada, un algérien bien introduit dans le monde des affaires canadien, a admis que «l’Algérie a besoin de technologies». Aussi, «la meilleure façon d’y arriver est de travailler avec le patronat». Pour Tarik Mihoubi, «la stratégie, aujourd’hui, est de ne plus importer, de devenir autonome». Une équation qui exige «un besoin de savoir-faire», a-t-il affirmé. Aussi, «les Canadiens ont été réceptifs à cette nouvelle approche», a-t-il ajouté. Évoquant les déboires de SNC-Lavalin en Algérie, il précisera que ce cas ne peut être pris comme référence ni en exemple pour pénaliser les opérateurs canadiens.
Source : http://www.elmoudjahid.com/
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