Loin des radars de la French Tech et de la Silicon Valley , un gigantesque écosystème est en construction. Et sa croissance dépasse toutes les prévisions. En 2017, les start-up africaines ont levé 560 millions de dollars, selon Partech Ventures, soit quatorze fois plus qu'en 2012, et une croissance de 53 % par rapport à l'année précédente. « Nous sommes en avance sur nos prévisions, constate Cyril Collon, general partner chez Partech Ventures. Nous tablions plutôt sur 450 millions de dollars pour 2017, ce qui prouve la très bonne dynamique sur le continent. »
Américains et Européens principaux financeurs
Pour soutenir cette croissance, les capitaux affluent d'Europe et des Etats-Unis principalement, avec un morcèlement des acteurs : 220 investisseurs
sont intervenus en 2017, moins de 20 ont réalisé deux investissements,
et moins d'une dizaine ont injecté dans plus de 10 start-up. « Les acteurs américains, avec la présence de Y Combinator, 500 Startups et Techstars, sont ici en force, remarque Tidjane Deme, general partner chez Partech Ventures. On observe l'émergence de quelques VC locaux, ce qui est une nécessité pour bien comprendre le contexte local. » L'Afrique voit également apparaître des business angels significatifs, comme Tomi Davies , un nigérian qui consacre des montants importants au soutien des start-up locales.
Un volume d'acquisitions encore timide
A travers le fonds de 100 millions d'euros que Partech Ventures a lancé en Afrique début 2018, ce sont des institutions comme bpifrance, l'Union européenne et la Banque mondiale
qui investissent sur le continent. Un engagement structurant qui
devrait bénéficier à l'ensemble de l'écosystème à moyen terme, mais
auquel il manque encore une brique essentielle pour se pérenniser, la revente de start-up
. Pour le moment, les exemples sont rares : 38 en 2017 (+26,7% depuis
2014), soit une progression moins soutenue que celle des levées de
fonds, rapporte Bilal Djelassi, VC chez Orange Digital Ventures , dans un post sur Medium.
Le Suisse Ringier a bien acquis le kenyan Ghafla, ou l'anglais Investec
le sud-africain Wigroup, mais les exemples ne sont pas légion. « Lorsque nous avions lancé Partech en Europe, la situation était analogue, se rappelle Cyril Collon. C'est
le marché américain qui s'est d'abord intéressé à nos start-up, avant
que des acteurs européens soient capables de les racheter. C'est le cas
aujourd'hui, et c'est le même schéma qui devrait se dérouler en Afrique
dans les années à venir. »
De potentiels leaders mondiaux
L'accès encore difficile aux capitaux pousse les entrepreneurs africains à imaginer des solutions innovantes pour accélérer leur start-up, détaille Cyril Collon : « L'absence
de fonds a contraint les startuppeurs à trouver un chemin plus rapide
vers la profitabilité, c'est aussi ce qui leur permet de croitre très
rapidement. » A l'exception de quelques grands pays, comme l'Afrique
du Sud, le Kenya et le Nigéria, la taille des autres marchés n'est pas
suffisante pour bâtir un champion de la Tech.
Difficile pour l'instant d'estimer si l'une des pépites qui émergent
aura la capacité à se développer mondialement, mais Tidjane Deme observe
déjà des premiers signaux positifs : « Pour certaines thématiques, il est envisageable que des jeunes pousses deviennent des leaders mondiaux, comme avec la banque sur smartphone
par exemple. Deux tiers des comptes actuellement sur mobile dans le
monde sont enregistrés en Afrique. D'autre part, certains problèmes
attaqués par les start-up du continent sont communs à l'ensemble des
pays émergents. Et leur niveau de sophistication devrait leur permettre
de s'étendre à ces territoires. » Des perspectives qui devraient accélérer la visibilité des jeunes pousses encore un peu plus.
source: https://business.lesechos.fr/